Retour au Havre pour Edouard Philippe

Trois ans après avoir quitté son fief normand pour un poste à haut risque à Matignon, l’ancien maire retrouve son fauteuil local. A plein temps ou presque puisqu’il sera chargé, en parallèle, d’une mission spécifique pour reconstruire la majorité parlementaire.

A presque 50 ans, Edouard Phillipe revient aux sources : l’ex-premier ministre, élu pour un deuxième mandat municipal au Havre le 28 juin dernier (58,8%) face à la liste du communiste Jean-Paul Lecoq, quitte sa fonction de premier ministre, poste qu’il occupait depuis l’investiture d’Emmanuel Macron à l’Elysée en 2017. Ce vendredi matin, le chef du gouvernement a remis sa démission au président de la République qui l’a acceptée et nommé dans la foulée Jean Castex (55 ans) pour le remplacer à Matignon.

Election le 4 juillet

Ce turn-over au plus haut sommet de l’Etat signe le retour officiel d’Edouard Philippe à la Mairie du Havre où, à mi-mandat, il avait succédé à Antoine Rufenacht en 2010, avant d’être adoubé par le suffrage universel quatre ans plus tard. Jamais, et c’est bien normal à ce très haut niveau de responsabilité (c’est aussi le jeu politique), l’élu normand n’a laissé transpirer ses intentions réelles en cas de succès à l’élection municipale de 2020 : à quelques jours du second tour, pour lequel la plupart des sondages le donnait favori, il avait seulement lâché que (sa) « plus grande ambition est de redevenir maire aussi vite que possible, c’est-à-dire dès que la mission que (lui) a confiée le Chef de l’Etat se terminera ». Et d’ajouter que « ça peut arriver très rapidement » (source : actu.fr).

Après juin 2017, Edouard Philippe, appelé par Emmanuel Macron pour former et diriger le premier gouvernement de sa présidence, avait laissé la gestion du Havre à Luc Lemonnier (démissionnaire en 2019 suite à une polémique) puis à Jean-Baptiste Gastinne, premier-adjoint au sein de la précédente équipe. L’ex-premier ministre va officiellement être réélu par le conseil municipal de la Cité Océane au cours du week-end. Un calendrier qui a sans doute accéléré le remaniement à Paris.

Le passage d’Edouard Philippe à Matignon a été un épisode particulièrement agité, malgré une embellie économique qui s’est traduite par une baisse lente mais continue du chômage au niveau national…jusqu’à la crise sanitaire du printemps 2020, prélude brutal à l’ouverture d’une période beaucoup plus incertaine, notamment sur les plans sociaux et environnementaux.

Les 1144 jours de l’ancien compagnon de route d’Alain Juppé (longtemps favori de l’élection présidentielle de 2017) ont donné lieu à de nombreuses réformes, menées au pas de charge (Droit du Travail, Education, Retraites) et à des chocs avec l’opinion : la limitation de vitesse à 80 km/heure sur les routes départementales, et la hausse des taxes sur le carburant (deux mesures ajournées depuis) avaient notamment contribué à déclencher le mouvement des gilets jaunes. En janvier 2018, le premier ministre avait dû arbitrer puis désamorcer un dossier explosif, celui de la construction de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), projet finalement abandonné après des tensions extrêmes sur le terrain.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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