De Grenay à Elbeuf, le renouveau du service de pompes funèbres municipal

Le marché du funéraire reste un marché local très largement structuré par la localisation de la mort et le rôle des mairies et des professionnels de l’hôpital. Après les années 1970, ce marché s’est ouvert au « privé » avec la loi Sueur et le réseau PFG en complément des régies municipales qui se maintiennent dans quelques grandes villes françaises et au sein des plus petites villes. Michel Leclerc est d’ailleurs entré en force comme « outsider » au début des années 1980 sur ce marché en secouant le monde des croque-morts après deux siècles de monopole.

Fondé sur le principe d’intérêt général, le monopole communal est progressivement devenu l’instrument d’une guerre économique gagnée par les PFG. Aujourd’hui, les lignes bougent à nouveau.

Le retour d’un service municipal

À Grenay, dans les Hauts-de-France, la maire souhaite proposer un service de pompes funèbres municipales, nous rapporte La Voix du Nord, dans un article en date du 11 mars 2023. Pour Christian CHAMPIRÉ, un tel service permettrait d’offrir un service public pour des funérailles moins chères, tout en restant de qualité.

En effet, pour les familles en difficulté qui ne peuvent pas payer la totalité d’une facture d’obsèques, le centre communal d’action sociale (CCAS) abonde bien souvent financièrement. Son personnel assure déjà les mises en terre dans le respect des défunts, ce qui fait dire au maire qu’une mission de service public permettrait d’apporter à certains publics un service utile.

D’ailleurs, l’Union du Pôle Funéraire Public (UPFP), né le 1er janvier 2010 du rapprochement de l’Union des Professionnels du Pôle Funéraire Public et de la FNSFP, estime que les métiers du funéraire public (agent funéraire, agent d’accueil, maître de cérémonie, conseiller funéraire, agent de crématorium, marbrier funéraire) répondent aux aspirations de personnes animés par la volonté d’aider, à la recherche de l’excellence et de la rigueur.

Ces métiers, exercés aussi dans le privé, sont aujourd‘hui complétés par de nouvelles professions, à l’instar du funeral planner, du thérapeute de deuil ou encore de l’officiant laïque.

L’initiative de la commune de Grenay rejoindrait donc celle d’Elbeuf, en Seine-Maritime, qui assure l’organisation des obsèques en direct malgré la fin du monopole public en 1993. C’est un choix assumé ! Le service funéraire municipal d’Elbeuf est à la disposition de tous. Civiles ou religieuses, inhumation ou crémation, il organise jusqu’à 200 obsèques par an, de manière tout à fait professionnelle.

Les coopératives funéraires

Outre ces services municipaux, les familles endeuillées ont aussi un autre choix, celui de faire confiance à une coopérative funéraire.

Aujourd’hui, environ 10 coopératives funéraires officient en France, à Nantes, Rennes, Caen, Lille, Bordeaux, Dijon, Tulles, Avrillé, etc. À Strasbourg et à Lyon, des projets naissent autour de ce concept juridique qui permet de sortir d’une approche trop commerciale de la mort.

À l’heure où les agences de pompes funèbres sont dans le collimateur des associations de défense des consommateurs pour leur opacité tarifaire notamment, les coopératives funéraires représentent un modèle à contre-courant puisqu’elles sont détenues par les salariés. Attention toutefois à ne pas tomber dans les errements d’un fonctionnement centralisé et vertical, comme l’a révélé Médiapart au sujet de la coopérative ferroviaire Railcoop.

Pour Sabine LEGONIDEC, présidente de la Coopérative de Pompes Funèbres à Nantes Rezé, le respect de l’humain est un principe fondamental. Les tarifs proposés servent uniquement à couvrir les frais et à développer la coopérative mais aucunement à faire des bénéfices. Le cœur de ces nouvelles agences de pompes funèbres, c’est l’écoute et l’accompagnement. Les conseillers funéraires ne sont pas des commerciaux mais des accompagnants qui ont pour mission d’aider les familles à faire des choix funéraires éclairés et à l’image du défunt. Cette mission rejoint d’ailleurs les propos de Justine FLICK qui travaille à la régie des pompes funèbres d’Elbeuf.

Le secteur du funéraire serait-il en train d’évoluer en profondeur ? Les années à venir devront confirmer la tendance vers plus de transparence et d’éthique, valeurs de plus en plus exigées par les consommateurs-citoyens.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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